VINCENT (1)

Article

Vincent

Habite : mon ‘château’ fait l’angle rue de Barcelone et rue Lafitte

Arrivé : 1996

Occupation : Menuisier

Signe particulier : j’adore cuisiner et repasser, ça me détend

Endroit préféré : l’entrée de la rue de Barcelone avec ses artisans

Arrivé à Montpellier il y a 35 ans, je suis artisan depuis 1991, le siècle dernier, et à 2 ans de la retraite. J’ai habité le quartier Chaptal, un endroit sympathique qui me semble à présent moribond de par la disparition des commerces. Ici aussi, j’ai vu les choses changer: c’était un quartier populaire et animé. A la disparition des propriétaires, des habitations ont été transformées en logements plus petits loués à des étudiants ou en Airbnb. L’important turnover qui en résulte, certes plus rentable, change la physionomie du quartier et le vide de sa vie: on se croisait, on échangeait, maintenant beaucoup sont de passage.

Je viens de la campagne et il y a un côté village dans mon métier; mon atelier est ouvert sur la rue, les gens y passent, je travaille chez eux. Par cette ouverture, je vois les changements. A mon arrivée, la Mercedes de Manitas de Platas passait souvent devant chez moi: il rendait visite à sa famille qui habitait là. Gamin, j’avais ses disques: c’était incroyable de le voir en vrai.

J’ai assisté à une autre transformation. En 1996, la vue de mon atelier, c’était un peu Berlin: des barbelés et des tessons de verre sur un mur gris percé d’une porte métallique. C’était les restes de l’usine à gaz: on voyait encore les rails pour les wagonnets qui amenaient le coke dans les fours; ils passaient par le quai Lafitte où est maintenant la MPT Voltaire. Cette partie de l’usine a été vendue et a laissé place à des immeubles. Il semble que le reste du terrain va suivre le même chemin. On ne peut qu’espérer que ce sera fait de manière à préserver ce qui faisait, et fait encore un peu, le charme du quartier: harmonie, diversité et communication entre les habitants. Il faut une vraie concertation entre élus et habitants et on doit tenir compte de leur avis contrairement au simulacre de démocratie participative auquel on a assisté lors du projet de réfection de la place; cela a laissé un goût amer.